Clément Ader
Clément Agnès Ader est l’un de ces personnages dont on ne se lasse pas d’évoquer toute la richesse et l’ingéniosité d’esprit.
Ingénieur futuriste, véritable "entrepreneur d'inventions" ayant mené de front plusieurs projets simultanément, Ader figure parmi les hommes qui ont marqué leur époque et façonné notre temps par leurs créations et idéaux.
Enfance et études
Haut-garonnais d'origine, né à Muret le 2 avril 1841, Clément Ader grandit dans une famille où le travail manuel, et plus précisément le travail du bois, était l'héritage premier transmis de père en fils. Élève brillant, il partit à l'âge de 12 ans à Toulouse pour suivre des études secondaires et obtint trois années plus tard son baccalauréat.
En 1857, il intégra la section industrielle de l'institut Assiot de Toulouse et obtint quelques années plus tard, en 1861, un diplôme d'ingénieur équivalent aux Arts et Métiers.
Ses premières inventions
Ader travailla pour la "Compagnie des chemins de fer du Midi" de 1862 à 1866. Il mit au point une machine destinée à relever les rails (brevet déposé en avril 1866), puis imagina plus de 10 ans plus tard un système de rail sans fin qui préfigurait l'invention des chenilles pour les chars (brevet du 19 février 1878).
Clément Ader s'interesse alors au vélocipède, ancêtre de la bicyclette, et décide de l'améliorer en remplacant le bandage de fer des roues par des anneaux de caoutchouc, soit le premier pneu plein (brevet du 24 novembre 1868) et un cadre allégé en tube au lieu de barre de fonte... Il remportera même des courses départementales dans le but de démontrer la supériorité de son "véloce-caoutchouc" dont la commercialisation est malheureusement stoppée en 1870 par le déclenchement de la guerre franco-prussienne.
Inventeur de la stéréophonie et de la première retransmission de spectacles à distance.
Lorsque la guerre s'achève, Clément Ader est installé à Paris. Il obtient la reconnaissance en améliorant le téléphone de Bell et en participant à la création du premier réseau téléphonique parisien au sein de la Société Générale des Téléphones (1880).
Il fit ensuite fortune en commercialisant sa première grande invention : le « théatrophone» (1881). Il s'agissait d'un système de retransmission téléphonique inaugurant la stéréophonie et qui permettait de diffuser en direct des concerts ou des pièces de théatre jouées d'abord à l'Opéra Garnier et par la suite à l'Opéra-Comique ou au Théatre Français...
Son obsession : faire voler plus lourd que l'air.
Mais le grand projet qui anima Ader tout au long de sa vie fut de faire voler un « plus lourd que l'air ». La première étape fut la réalisation de moteurs à vapeur puis à explosion. Subventionné par le ministère de la Guerre et aidé par l'ingénieur Ferdinand Morel, Ader se lança dans la conception de prototypes dotés de voiles. De 1890 à 1897, trois appareils sont créés : l'Éole (l'Avion), le Zéphyr (Avion II) et l'Aquilon (Avion III).
Durant cette période,Ader travailla également sur des câbles sous-marin, les automobiles de course, le canot glissant pneumatique, précurseur de l'aéroglisseur…
On lui doit enfin deux ouvrages sur l'aviation : La première étape de l'aviation militaire française (1907) et Les vérités sur l'utilisation de l'aviation militaire avant et pendant la guerre (1919).
Une reconnaissance tardive
Vieillissant, il se retira près de Toulouse, à Beaumont-sur-Lèze, dans son domaine viticole de Ribonnet. Le 3 mai 1925, à Toulouse, il rendit son dernier soupir âgé de 83 ans, après une reconnaissance nationale tardive. L'Avion III est le seul témoignage de ses inventions aéronautiques qui est arrivé jusqu'à nous. Il est exposé au Conservatoire National des Arts et Métiers à Paris.
Ce n’est qu’après la levée du secret-défense que les archives concernant ses recherches aéronautiques ont été rendues publiques et ont ainsi révélé les premiers essais de décollage des prototypes d’Ader au camp militaire de Satory, près de Versailles.