André Turcat

Parmi les nombreux acteurs de l’histoire de l’aéronautique toulousaine, André Turcat occupe une place particulière, parce qu’il est l’homme qui a fait voler Concorde pour la première fois

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Début de carrière

Né le 23 octobre 1921 à Marseille dans une famille d’industriels (les constructeurs d’automobiles Turcat-Méry), André Turcat sort diplômé de l’École Polytechnique en 1942. De son propre aveu, ses résultats médiocres lui interdisent l’accès aux hautes fonctions publiques qu’il ambitionnait et il se tourne un peu par hasard vers l’armée de l’Air, alors même qu’il ne s’est jamais intéressé à l’aviation jusque-là… Sa formation commencée en 1943 se conclut par l’obtention de son brevet de pilote en 1947. Il est alors affecté au sein d’une unité de transport aérien en Indochine. Trois ans plus tard, il rentre en France et commence son apprentissage de pilote d’essai au sein de l’École du personnel navigant d’essais et de réception (EPNER) basée au Centre d’essais en vol de Brétigny-sur-Orge (Essonne), école qu’il vient à diriger de 1952 à 1954. Il quitte ensuite l’armée de l’Air pour entamer une carrière civile dans sa spécialité des essais en vol en intégrant la Société Nord-Aviation.

Sud-Aviation à Toulouse

Détournement humoristique d'un schéma d'équipement cabine... à l'effigie d'André Turcat ! (ADHG 55 J (jpg - 112 Ko)
André Turcat aux commandes d'un hélicoptère (archives INA) (jpg - 130 Ko)

Ainsi, lorsqu’il arrive à Toulouse en 1962 pour entrer à Sud-Aviation, sa carrière de pilote d’essai est déjà bien remplie. Il a déjà contribué à la mise au point de plusieurs avions dont l‘appareil expérimental Gerfaut I, à bord duquel il devient le premier Européen à franchir le mur du son en palier (c’est-à-dire en vol horizontal) en 1954 et le Griffon II qui lui permet en 1959 de battre le record de vitesse en circuit fermé sur 100 kilomètres en atteignant 1640 km/h. Surtout, il atteint avec ce même avion la vitesse impressionnante de Mach 2,19 (plus de deux fois la vitesse du son).

À Sud-Aviation, André Turcat dirige le programme d’essais de la Caravelle et est ainsi appelé à s’intéresser à sa future évolution supersonique, la Super-Caravelle. Le développement d’un tel avion étant extrêmement onéreux, la France et la Grande-Bretagne décident d’unir leurs efforts dans un accord de coopération signé en novembre 1962, faisant fusionner le projet Super-Caravelle avec celui développé en Angleterre par la société Bristol. Le futur avion franco-britannique se nommera Concorde…

Directeur des essais du Concorde

En décembre 1964, André Turcat est nommé directeur des essais du Concorde. Son travail voit son aboutissement le 2 mars 1969, lorsqu’il fait décoller l’avion pour la première fois, en compagnie de Jacques Guignard, Henri Perrier et Michel Rétif (respectivement copilote, ingénieur navigant et mécanicien navigant).

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Autorisation du 1er vol d'essai (28 février 1969) page 1

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Autorisation du 1er vol d'essai (28 février 1969) page 2

Compte rendu équipage du 1er vol d'essai, signé par André Turcat (2 mars 1969) (jpg - 171 Ko)

Compte rendu équipage du 1er vol d'essai, signé par André Turcat (2 mars 1969)

Développement et promotion du Concorde

Les années suivantes sont consacrées au développement de l’appareil et à sa promotion jusqu’en 1976, au moment du début des premiers vols commerciaux de Concorde, où le pilote d’essai prend sa retraite, sa mission accomplie. Depuis ses débuts en 1947, André Turcat a cumulé 6500 heures de vol dont 4000 d’essai (720 pour le seul Concorde).
 

 Turcat et le Concorde en 6 images :

Bain de foule pour André Turcat (jpg - 155 Ko) André Turcat, au centre, à l'issue d'un nouvel essai du Concorde en aout 1969 - © Airbus  (jpg - 860 Ko) Certificat de passage du mur du son lors du premier vol de Concorde vers les Etats-UnisAndré Turcat dans la cabine de pilotage du Concorde, à l'occasion du vol d'observation de l'éclipse  (jpg - 114 Ko) 2 juillet 1973 : retour à Paris après la mission d'observation de l'éclipse solaire - © Airbus  (jpg - 116 Ko) 27 juin 2003 : André Turcat, alors agé de 82 ans, participe au dernier vol du Concorde - © Airbus  (jpg - 129 Ko)
 

L' après aviation

Désormais, il se consacre à de nouvelles occupations. Il s’essaie à la politique : d’abord élu local en tant qu’adjoint au maire de Toulouse en charge du logement de 1971 à 1977, il devient député européen en 1980 (il démissionne toutefois fin1981). Mais surtout, il entame des études en histoire de l’art à l’université de Toulouse-Le Mirail qu’il achèvera en soutenant en 1990 une thèse sur le sculpteur Étienne Jamet. Il enseigne l’art sacré pendant dix ans puis reprend ses études à Strasbourg, en théologie cette fois.

André Turcat est décédé le 4 janvier 2016. Il avait déposé ses archives de pilote d’essai aux Archives départementales de Haute-Garonne en 1985, dépôt qu’il a converti en don en 2008. Ce fonds identifié sous la cote 55 J a été classé en 2013.

Présentation du fonds Turcat, 55 J

 Le fonds coté 55 J embrasse l’ensemble de la carrière de pilote d’essai d’André Turcat, des vols effectués au Centre d’essais en vol de Brétigny au sein de l’armée de l’Air dès 1951 à la fin de sa carrière civile à l’Aérospatiale en 1976. Le programme Concorde constitue plus de la moitié des 9,80 mètres linéaires d’archives confiées aux Archives départementales de la Haute-Garonne par M. Turcat en 1985.

La première partie du fonds est consacrée aux vols de certification et d’essais effectués par le capitaine Turcat dans le cadre du Centre d’essais en vol de Brétigny puis aux programmes Gerfaut puis Griffon développés au sein de la Société nationale de constructions aéronautiques du Nord (Nord-Aviation). La seconde concerne la carrière toulousaine d’André Turcat à partir de 1962, essentiellement consacrée à la conception, au développement et à la promotion du Concorde.

Au-delà des documents purement techniques (rapports d’essais, manuels de vol, études diverses…) que l’on s’attend légitimement à y trouver, ce fonds révèle également d’autres aspects du rôle d’un directeur de programme d’essais, comme la prise en compte d’études scientifiques sur les risques induits par les vols stratosphériques, des communications sur les problèmes médico-physiologiques posés par le transport supersonique, des conférences et congrès internationaux sur le droit du transport aérien., etc. Un dossier sur les nuisances sonores en côtoie un autre sur le procès américain du Concorde. La vie publique n’est pas ignorée : les documents concernant les relations avec la presse sont rassemblés (propositions d’interview, reportages, articles), mais aussi l’ensemble des lettres de félicitations reçues à l’occasion du premier vol et d’autres évènements liés au Concorde a été intégralement conservé, en particulier une collection de dessins d’enfants provenant de différents établissements scolaires, ainsi qu’une revue de presse extrêmement volumineuse.

Ce fonds a été classé en 2013 par Fabienne Péris.

Accéder au fonds Turcat 55 J

Informations complémentaires

 » Observation à bord du Concorde 001 de l'éclipse totale de Soleil du 30 juin 1973 : site de Xavier Jubier. Page très détaillée couvrant l'évènement, avec notamment un film de 5 mn et 44 s retraçant ce vol scientifique. André Turcat y apparaît vers la 41eme seconde, aux commandes du Concorde.

» Blagnac : vol de Concorde et interview d'André TURCAT reportage de l'ORTF datée du 01 octobre 1969 : premier vol supersonique du Concorde suivi de l'interview de son pilote André Turcat. Archives de l'I.N.A. relatives à André Turcat

» Note "Avenir de Concorde" rédigée par André Turcat (ADHG 55 J 11) 1/3

 

»  La ferveur populaire autour du premier vol du Concorde.
Collection de dessins et propos d'enfants envoyés à André Turcat(ADHG 55 J 68) : 


École maternelle de l'union
 

Maternelle non identifiée
 

École de Brives
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