Jusqu’à la Révolution, ce sont principalement les institutions religieuses qui œuvrent pour l’aide aux plus démunis. Après la proclamation de la Constitution en 1793, l’assistance devient un devoir de l’État et un droit pour le citoyen : les bureaux de bienfaisance sont créés par la loi du 7 frimaire de l’an V (27 novembre 1796).
Les bureaux de bienfaisance sont destinés à secourir les indigents ne pouvant ni bénéficier d’une loi d’assistance obligatoire ni être admis dans un établissement hospitalier. Ils distribuent des secours en nature et à domicile.
L’État confie la gestion des bureaux de bienfaisance aux communes. Il doit être établi un bureau de bienfaisance dans chaque commune mais ce n’est pas toujours le cas. Ainsi, il existe 410 bureaux de bienfaisance en Haute-Garonne alors que le département compte 591 communes.
La Préfecture exerce un contrôle sur les affaires des bureaux de bienfaisance et de l'assistance. Les bureaux de la 2ème division de 1856 à 1896, puis le 5ème bureau de la 1ère division de 1897 à 1939 s'occupent des questions administratives et comptables.
La municipalité forme une commission administrative composée de cinq membres résidant sur la commune. Ceux-ci sont nommés par le préfet d’après une liste de candidats, souvent des notables, dressée par l’administration municipale. Le maire est le président de la commission. La loi du 5 août 1879, écarte les membres du clergé, et instaure dans les commissions six membres dont quatre sont nommés par le préfet et 2 sont désignés par le conseil municipal.
Un secrétaire et un receveur s’ajoutent à cette commission. Les bureaux de bienfaisance peuvent également employer un médecin dont ils fixent le traitement et passer des contrats avec des congrégations religieuses. Les sœurs de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul se mettent au service des personnes démunies en Haute-Garonne.
Un bureau central de bienfaisance, composé de cinq administrateurs, doit assurer la coordination des bureaux de section d’une même commune. Dans les faits, seules les principales villes peuvent se doter d’un tel dispositif. C’est le cas pour la ville de Toulouse, qui met en place un bureau central gérant les différentes maisons de charité (La Dalbade, La Daurade, Montaudran, Saint-Etienne, Saint-Jérôme, Saint-Michel, Saint-Nicolas, Saint-Sernin et Saint-Pierre).
Les bureaux fonctionnent grâce à la perception d’une taxe sur les spectacles dite « droit des pauvres » (10% du montant d’un billet de spectacle, théâtre, bal, feux d’artifice, concert ou course de chevaux est prélevé). Ils sont aussi bénéficiaires des dons et legs en nature et en argent effectués par des particuliers.
Les membres de la commission administrative sont chargés d’administrer les biens et revenus du bureau et de désigner l’ordonnateur qui procède aux distributions. Les décisions importantes (budgets, comptes, acceptations de dons et legs, aliénations) sont soumises à l’avis du conseil municipal et reçoivent l’approbation de la préfecture. Les administrateurs établissent des listes d’indigents, qu’ils soient secourus temporairement (blessés, femme en couche) ou annuellement (aveugles, vieillards). Les diverses atteintes sont attestées par un médecin.
Avant d’admettre une personne aux secours, ils doivent s’assurer que la personne ait son domicile de secours dans la commune, c’est-à-dire son lieu de domicile après un an de séjour ou à défaut, son lieu de naissance.
Ils distribuent des aliments (pain, bouillon), des combustibles (bois, charbon), du linge ou encore des médicaments. Ils peuvent également mettre en place des ateliers de charité destinés à secourir des indigents valides moyennant la réalisation d’un travail, souvent lié à l’entretien des chemins.
En 1851, le Préfet relève que 6138 familles et 13700 personnes isolées ont été secourues par les bureaux de bienfaisance de la Haute-Garonne. Cette même année, le recensement de population indique que le département compte 481 610 habitants.
La loi du 15 juillet 1893 sur l’assistance médicale gratuite crée des bureaux d’assistance médicale pour les petites communes dépourvues de bureaux de bienfaisance.
Pendant soixante ans, ces deux bureaux vont coexister jusqu’à la réforme des lois d’assistance. Le décret du 29 novembre 1953 procède à la fusion de ces deux bureaux au profit d’un bureau unique d’aide sociale.
La loi du 6 janvier 1986 institue les centres communaux d’action sociale, CCAS, dans chaque commune