Les visites sont effectuées dans le cadre du contrôle du Grand Prieuré sur les commanderies qui dépendent de son ressort : c’est le lien majeur entre ces deux échelons de la hiérarchie de l’Ordre. Ces tournées d’inspection visent à vérifier l’état des commanderies et de ses membres. Elles sont dévolues au Grand Prieur, mais en pratique ce n’est pas lui qui s’en charge.
Deux chevaliers présents lors du chapitre sont nommés par tirage au sort pour dresser le rôle des « améliorissements et détérioration » effectués par le titulaire. Deux commissaires (en général, un commandeur et un prêtre de l’Ordre) sont nommés pour enquêter sur les titres déposés aux archives et sur le terrain. Ils envoient ensuite leur rapport au Chapitre de la Langue.
Statuts révisés de l’Ordre de Malte, recueil de textes des XVIème et XVIIIème siècles, illustré de gravures et lettrines.
Archives départementales de la Haute-Garonne, cote : H2.
Cette lettrine représente une visite de commanderie : deux visiteurs à cheval, un secrétaire rédigeant le procès-verbal de visite, des hommes s’affairant à des travaux de construction ou de réparation de bâtiments.
Il existe trois sorte de visites :
- Les visites générales
Statutairement, elles ont lieu tous les cinq ans, mais en réalité elles sont beaucoup plus espacées (pour le Grand Prieuré de Toulouse : une au milieu du XVIe siècle, trois au XVIIe siècle et neuf au XVIIIe siècle). Les commissaires visiteurs inspectent toutes les commanderies du ressort du Grand Prieuré. Ils sont accompagnés par un notaire royal, accrédité par l’Ordre : il sert de secrétaire et rédige le procès-verbal. La commanderie est inspectée dans ses moindres détails : du chef-lieu aux plus petits membres, du château à l’église et jusqu’à la plus humble des métairies. C’est l’occasion pour l’Ordre d’inventorier les droits du commandeur et de vérifier l’état de la commanderie : entretien des bâtiments, mise en culture, gestion. Les améliorations à apporter sont inscrites en fin de procès-verbal au chapitre des « Ordonnances », ce qui entraîne un deuxième type de visite.
- Les visites d’ améliorissements
Elles sont effectuées une à deux années après la visite générale. Elles donnent lieu à la vérification des améliorations apportées à la commanderie, de leur conformité aux prescriptions émises sur le procès-verbal de la visite générale. Il est très rare qu’elles ne soient pas réalisées car l’Ordre use d’une très grande sévérité à l’égard d’un commandeur négligeant de la bonne tenue de sa commanderie : son revenu est confisqué jusqu’à l’exécution des travaux. À l’issue de la visite, un procès-verbal d’améliorissement est dressé constatant le respect des clauses de la visite générale.
- Les visites particulières
Elles sont plus rares et s’intercalent dans le programme de vérification visite générale/visite d’améliorissement. Elles ne portent que sur une seule commanderie.
Registre de visites générales des commanderies du Grand Prieuré de Toulouse et des deux chambres prieurales pour l’année 1753.
Archives départementales de la Haute-Garonne, cote : 1 H Malte Reg 434
Outre le dénombrement des droits et des possessions, les visites, quel que soit leur type, renseignent sur les revenus de la commanderie.
Ces registres de visites sont une source des plus précieuses car ils contiennent des descriptions très précises de divers bâtiments (église, château, métairie, forge, tuileries, moulin, four…) allant des matériaux de construction à leur agencement architectural en passant par l’ornementation intérieure et l’inventaire du mobilier des églises. Ils traitent également de l’organisation et de la mise en valeur des terroirs, que l’on peut compléter avec les plans des registres de bornage, et mentionnent les habitants les plus notables auprès desquels les commissaires visiteurs mènent leurs enquêtes. Ils raviront bien évidemment les épris d’histoire locale mais les chercheurs y trouveront également des éléments de grand intérêt.
- Sources :
- - VIDAL, Pierre. 1992. Garidech, commanderie de l’Ordre de Malte, une seigneurie ecclésiastique au XVIIIe siècle. Mémoire de maîtrise. Toulouse : Université Toulouse le Mirail, p. 23-26 et 34-37.
- - VIDAL, Pierre. 2009. Toulouse, centre du pouvoir de l’Ordre de Malte. In : Toulouse, une métropole méridionale, 20 siècles de vie urbaine. Actes du 58ème congrès de la Fédération historique de Midi-Pyrénées. 2007, vol.1, p.335-350.
- - VIDAL, Pierre. 2002. Hospitaliers et templiers en France méridionale, le Grand Prieuré de Toulouse de l’Ordre de Malte, guide de recherches historiques, archivistiques et patrimoniales. Toulouse : CNRS FRAMESPA, Association des Amis des Archives de la Haute-Garonne, 237 p.