Les commanderies sont la base de l'organisation territoriale de l’Ordre, destinées à procurer des subsides aux chevaliers. Ils sont généralement nommés par le Chapitre prieural grâce aux listes d’ancienneté établies chaque année. Ce sont donc les plus anciens dans l’Ordre qui obtiennent les revenus les plus conséquents. Exceptionnellement, un chevalier particulièrement méritant peut être nommé par le Grand Prieur ou le Grand Maître en dehors de toute procédure habituelle.

Statuts révisés de l’Ordre de Malte, recueil de textes des XVIème et XVIIIème siècles, illustré de gravures et lettrines.
Archives départementales de la Haute-Garonne, Cote : H2


Cette lettrine illustre la réception ou gestion d’une commanderie. Sur l’image, cette dernière se compose d’une église, d’un château et d’un domaine où un paysan cultive un champ. En bas à gauche, un homme tend la main. Cela pourrait être une représentation des aumônes que le commandeur se doit de verser aux pauvres ou bien figurer la responsabilité du commandeur sur les hommes qui vivent sur la commanderie.


Chaque commanderie est gérée par un commandeur, qui une fois déduits les taxes de l’Ordre et les impôts royaux, garde pour son entretien le produit net de la seigneurie.

Commandeurs et emplacement des commanderies en Haute-Garonne

Les commanderies se composent d’un territoire foncier, géographiquement discontinu, comprenant terres et bâtiments divers, de droits seigneuriaux et de revenus domaniaux disparates. C’est un espace émietté, juridiquement complexe à l’image de la féodalité :

  • La seigneurie spirituelle donne le droit de patronat sur l’église paroissiale et ses annexes, de nomination du vicaire, de prélèvement de la dîme, mais également le devoir de rémunérer le clergé local (prêtres et vicaires) et d’entretenir les parties sacrées des édifices religieux (chœur des églises en particulier).
  • La seigneurie justicière permet la nomination des officiers de justice et des consuls. La justice est rendue au nom du commandeur et les procédures d’appel sont portées devant le Sénéchal de Toulouse ; les sentences de mort sont interjetées devant le Parlement de Toulouse. L’exercice de la justice donne au commandeur les droits exclusifs de boucherie, péage, port, chasse, pêche.
  • La seigneurie foncière s’accompagne de la perception du cens et d’autres droits seigneuriaux tels lods et ventes (droits de mutation), fouage (droit d’habitation), accaptes et arrière-accaptes (taxes versées à la mort du commandeur ou du tenancier, une sorte de droit de succession en quelque sorte).
  • La seigneurie banière permet de prélever une redevance sur le moulin (droit de moulage ou de mouture), la forge (droit de « reliage »), le four (fournage) ou toute autre infrastructure nécessaire à la vie quotidienne et mise à disposition des communautés d’habitants. Le commandeur a le devoir d’assurer l’entretien des bâtiments et la rémunération du personnel spécialisé.
  • Les revenus domaniaux peuvent provenir de loyers urbains, de parts versées en nature par les métayers ou en argent par les maître-valets sur le produit des récoltes des exploitations agricoles, de bénéfices relatifs aux coupes de bois…

Aux XVIIe-XVIIIe siècles, les commanderies une fois réorganisées, la préoccupation de l’Ordre se porte essentiellement sur la sauvegarde de ses droits.

Registre d'arpentementde Montsaunès

Représentation des biens de l’Ordre à Montsaunès.

Extrait du registre d’arpentement et de bornage de la commanderie de Montsaunès (1774),
Archives départementales de la Haute-Garonne : 1 H Malte Reg 2677, fol. 45.

Sources :
-VIDAL, Pierre. 1992. Garidech, commanderie de l’Ordre de Malte, une seigneurie ecclésiastique au XVIIIe siècle. Mémoire de maîtrise. Toulouse : Université Toulouse le Mirail, p. 23-26 et 34-37.
- VIDAL, Pierre. 2009. Toulouse, centre du pouvoir de l’Ordre de Malte. In : Toulouse, une métropole méridionale, 20 siècles de vie urbaine. Actes du 58ème congrès de la Fédération historique de Midi-Pyrénées. 2007, vol.1, p.335-350.
- VIDAL, Pierre. 2002. Hospitaliers et templiers en France méridionale, le Grand Prieuré de Toulouse de l’Ordre de Malte, guide de recherches historiques, archivistiques et patrimoniales. Toulouse : CNRS FRAMESPA, Association des Amis des Archives de la Haute-Garonne, 237 p.