Très tôt l’Ordre se rend compte de la difficulté de gérer ses possessions depuis Jérusalem. Pour y remédier il va diviser son domaine foncier en huit territoires nommés Langues, correspondant approximativement aux aires linguistiques du XIIIe siècle. La France comprend trois Langues : Langue de France, Langue d’Auvergne et Langue de Provence. À leurs têtes se trouvent des Piliers, chacun exerçant une mission particulière et formant une sorte de « gouvernement » auprès du Grand Maître. Le Pilier de la Langue de Provence porte le titre de Grand Commandeur et occupe, après le Grand Maître, la deuxième position dans la hiérarchie des dignités de l’Ordre dont il gère les finances.
Guillaume Caoursin, Gestorum Rhodie obsidionis commentarii, Oratio de morte magni Turci, De casu regis Zizimi,
Bibliothèque nationale de France, Département des Manuscrits Cote : Latin 6067.
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En 1312, l’attribution des biens des Templiers aux Hospitaliers entraîne une réorganisation, avec la création, vers 1315-1317, d’un nouvel échelon dans la gestion des domaines : le Grand Prieuré. La Langue de Provence est subdivisée en deux grands prieurés : Saint-Gilles et Toulouse.
Blasons sur l'Auberge de la langue de Provence sur la rue des Chevaliers à Rhodes, Grèce
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Dans un souci de bonne gestion, de sauvegarde et de rentabilité, les biens épars, donnés au coup par coup au cours du Moyen Âge, sont regroupés sous une même gestion : la préceptorie qui, la plupart du temps, n’a pas de continuité territoriale ; sa seule cohérence est d’ordre administratif. Aux Temps modernes, elles sont à leur tour regroupées en circonscriptions plus larges : les commanderies (la plus importante ou la plus prestigieuse devient chef-lieu de commanderie, les autres deviennent ses membres). Le but est, outre la gestion des biens de l’Ordre, de fournir un revenu à un chevalier : le commandeur. Ainsi, la commanderie devient la cellule de base de l’organisation de l’Ordre. Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, le prieuré de Toulouse est divisé en 26 commanderies.
Avec le déclin de l’empire turc, le rôle de l’Ordre est amoindri et se borne à la chasse aux corsaires et aux navires turcs en Méditerranée. Ainsi, après avoir passé leur jeunesse sur des bateaux, les chevaliers viennent jouir des revenus de leur commanderie comme tout autre seigneur. Petit à petit, les souverains de la chrétienté vont s’immiscer dans le gouvernement de Malte et faire distribuer les grandes dignités de l’Ordre à leurs courtisans et aux membres de leur famille.