Participer au combat physique et idéologique

Le soldat a pour vocation de défendre la France en participant au combat physique contre l’ennemi. La correspondance, malgré l’autocensure des soldats, donnent des renseignements sur la pénibilité du conflit mais ce sont surtout les carnets de guerre qui regorgent d’informations. Description des conditions de vie, de la violence du champ de bataille, ces carnets servent de catharsis aux soldats qui écrivent sans filtre, critiquant leur hiérarchie mais aussi le déroulement de la guerre. Le soldat participe également au combat idéologique en étant au cœur de la culture de guerre. Il est loué en tant que défenseur de la France et de la Lorraine mais également comme pourfendeur du Kaiser Guillaume II. Ce dernier fait l’objet de satire et incarne à lui seul le « Boche », l’ennemi allemand.  Les documents de la Grande Collecte permettent également de montrer les loisirs des soldats lorsqu’ils n’étaient pas directement dans une zone de conflit. Les permissions étaient l’occasion de profiter de la vie urbaine ; les soldats disposaient également de temps libre pour correspondre avec leur famille ou bien mettre en application leur veine artistique à travers le dessin ou la photographie.

Les batailles et l’armement

La première guerre mondiale est associée à l'image des Poilus combattant pour conquérir ou sauvegarder une tranchée.  Cependant, toutes les batailles n’ont pas eu ce lieu comme cadre. A l’échelle d’un village, d’un bois, d’un fort, les batailles sont bien renseignées par les soldats dans leurs carnets de guerre. Deux batailles reviennent essentiellement dans les documents de la Grande Collecte, toutes deux se déroulant en 1916 : Verdun et la Somme. Mais ces écrits sont aussi l’occasion d’apprendre sur les petites batailles, celles où des anonymes essayent de conforter leur avance dans une tranchée boche ou bien de conserver un point clé dans l’espace du territoire. La photographie et les cartes postales sont des mines d’informations sur l’armement en vogue durant le conflit. Le développement sans précédent de l’artillerie fait de la guerre 14-18 la première guerre industrielle. En France, la production d’obus était de 4000 par jour en octobre 1914, de 100 000 dès l’été 1915, de 150 000 en juin 1916. Avec la guerre de tranchées, mitrailleuses et canons devenaient des outils essentiels.

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Le quotidien dans l’armée et les tranchées

Comme pour toute guerre, il n'est pas difficile de s'imaginer la dureté de la vie quotidienne du soldat durant la Grande Guerre. Les conditions d’hygiène et de logement sont souvent austères. L’hiver, humidité et froid règnent dans les tranchées et les campements tandis que l’été c’est la chaleur. La correspondance et les carnets de guerre confirment ces conditions de vie difficiles : puces, rats et autres nuisibles sont les compagnons des soldats dans les tranchées et même dans leur lit. Se laver le corps n’est pas fréquent si bien que tous ces éléments sont un terrain favorable au développement de maladies comme la dysenterie. A ces problèmes d’hygiène et de logement viennent s’ajouter des difficultés psychologiques : il n’est pas rare de voir inscrit dans les carnets ou la correspondance d’un soldat l’omniprésence de la mort et le trouble du sommeil à cause du bruit de l’artillerie.

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Le soldat dans la « culture de guerre »

La « culture de guerre » est une notion proposée par les historiens Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker pour désigner « la manière dont les contemporains se sont représentés et ont représenté le conflit ». Cette culture de guerre reposerait sur la violence, la haine, le consentement à la guerre. Le conflit prend une valeur de combat pour la défense de la civilisation. Dans cette culture, le soldat occupe une place importante. Il est présenté comme le défenseur de la patrie et le libérateur de l’Alsace occupée. Il est également l’arme contre l’ennemi, le « Boche » et l’empereur Guillaume II. La haine antiallemande est visible dans des séries de cartes postales qui tournent en dérision les soldats germains et promettent l’enfer au Kaiser. Outre les soldats, une sorte de mystification des grands généraux, comme le général Joffre, s’opère reprenant les codes de la religion chrétienne.

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Les loisirs des soldats

Malgré les difficultés du quotidien des soldats, ces derniers ne sont pas tout le temps sur le champ de bataille et disposent ainsi de temps libre qu’il faut occuper par des activités. Ils peuvent également obtenir des permissions leur permettant de quitter le cantonnement pour aller se reposer dans une ville proche, l’espace de quelques jours. Le dessin, le chant, le cinéma mais surtout l’écriture occupent principalement les loisirs des soldats de la Grande Guerre. C’est durant leur temps libre qu’ils peuvent rédiger leurs carnets de guerre, s’ils n’ont pas été écrits a posteriori, et leur correspondance. Ces deux modes d’écriture sont assez différents. Le premier est relativement libre puisque les soldats fournissent des détails sur le champ de bataille et n’hésitent pas à donner leur opinion, souvent négative, sur leurs supérieurs. Les travaux récents ont par contre montré une certaine autocensure des soldats dans leur correspondance à leur famille. Il s’agit généralement de préciser sa bonne santé, de remercier l’envoi de cartes et de colis et éventuellement de donner quelques informations sur la vie dans l’armée de façon neutre et succincte.

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