Les travaux réalisés par les services RTM

Le paysage montagneux est soumis à une multitude de phénomènes naturels, nés de la rencontre de la terre et de l’eau. S’il est inéluctable, le phénomène naturel de dégradation de la montagne peut cependant être relativement contrôlé.

Lutter contre l’érosion de la montagne, stabiliser et restaurer les sols en pentes, reboiser et aménager les terrains, cette philosophie préventive apparait aujourd’hui comme évidente. Pourtant, elle n’est apparue qu’au XIXème siècle.

Les lois promulguées à la fin du XIXème siècle afin d’endiguer l’érosion des sols et de maîtriser ces phénomènes ont eu principalement pour objet le reboisement des versants et la régulation du régime des eaux.

Afin de protéger les populations et l’environnement, l’Etat, en 1882, crée des services de Restauration des Terrains en Montagne dans 26 départements dont la Haute-Garonne.

Les forestiers réalisent des travaux de maçonnerie (digues, barrages, seuils …) associés à une politique de reboisement.

L’action des forestiers est désormais limitée aux secteurs où les dangers sont avérés. Les périmètres de restauration sont soumis à une déclaration d’utilité publique, car il s’agit d’une mesure d’expropriation : l’Etat acquiert les terrains auprès des communes et prend en charge l’exécution des aménagements.

Les photographies révèlent l’intervention des forestiers. Leur présence sur les images offre une échelle de mesure.

Construction de barrages

Les travaux en génie civil permettent de prévenir les risques naturels en montagne.

En règle générale, les barrages servent à retenir les matériaux entrainés, à diminuer la vitesse des eaux, à supprimer le creusement dans le sens du profil en long, à déterminer un élargissement du lit et ainsi, à éloigner le courant du pied des talus et soutenir les berges instables par les atterrissements formés à l’aval.

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Mise en place de clayonnages

La stabilisation des ravins est assurée grâce à la mise en place de divers travaux accessoires tels que le clayonnage et le fascinage par exemple, méthode d’entrelacs ou de fagots de pieux et de branchages qui retiennent les matériaux en mouvement.

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Installation de banquettes

La banquette, sorte de replat en petite terrasse à très faible pente longitudinale, était généralement aménagée sur un versant à forte déclivité pour lutter contre l’érosion. Les plantations sur les banquettes étaient typiques des travaux en montagne. Plus qu’un paravalanche naturel, elles régulaient les ravinements d’eau.

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Le reboisement

Les forestiers ont pour mission de contribuer au reboisement, la forêt étant un véritable rempart naturel contre ces risques naturels. La forêt limite l’importance des crues et, en montagne, joue un rôle clé pour réduire les avalanches, chutes de blocs, glissements de terrain et l’érosion superficielle. Le couvert forestier limite l'érosion des sols sur les flancs de montagne et donc l'alimentation des lits torrentiels en rochers. Dans les zones de départ d'avalanche, la présence d'un peuplement forestier dense fixe le manteau neigeux en altitude.

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Coopération entre forestiers, botanistes et pépiniéristes.

Les services RTM récoltaient les graines locales sur les arbres et les traitaient dans des sécheries. Des graines exotiques étaient également utilisées, les semis étant cultivés dans des pépinières centrales (dans les vallées) ou volantes (en montagne), sur les lieux même des plantations. Des arboretums furent crées afin d’approfondir les connaissances sur la biologie des arbres et tester les différentes essences.

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Améliorations pastorales

Les actions des forestiers ont pour conséquence d’entrainer une diminution de la surface de pâturage. Les améliorations pastorales en montagne ont pour but de rendre plus rationnelle, plus fructueuse et en même temps plus conservatrice de la montagne une culture pastorale.  Les forestiers interviennent auprès des populations concernant les améliorations pastorales : choix des races animales, construction durable de cabane et mise en place de fruitières.

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Les études glaciologiques

Afin de prévenir les risques naturels, les forestiers réalisent des études glaciologiques.

« Les études glaciologiques furent, pour une part, liées à la catastrophe de St Gervais (Haute-Savoie). Le 12 juillet 1892, la rupture d’une poche d’eau sous-glaciaire provoqua une débâcle brutale et dévastatrice, qui ravagea toute la vallée, touchant deux hameaux et la station thermale de St Gervais. On dénombra 175 morts. Les forestiers entreprirent alors de surveiller en permanence le glacier pour éviter la répétition de cet événement. Entre 1898 et 1904 furent réalisés des travaux de dérivation des eaux de fonte, par le biais d’un tunnel : un laboratoire de glaciologie fut installé en 1902 au niveau du glacier. »

Les forestiers photographes de la montagne (1885-1940) par J-P Métailié et I Rochefort, CPRS, UTM, 1990

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Les pluviomètres

Les territoires de montagne peuvent être exposés à des risques liés aux évolutions météorologiques, soudaines et difficiles à anticiper. L’installation de pluviomètres permet de mieux appréhender ces phénomènes.

« Très tôt, les forestiers ont considéré deux sciences ayant pour objet l’environnement naturel : la météorologie et la glaciologie. En effet, étudier les phénomènes atmosphériques et les systèmes glaciaires leur offrait l’opportunité de concevoir le comportement torrentiel et les opérations de travaux et de reboisement adaptées. Connaître le milieu pour anticiper la pérennité des actions, telle était la visée du programme de restauration. Dans ce but, ses structures furent construites et des pluviomètres furent disséminés par les forestiers. »

Quand l’administration forestière se mettait en scène : les premières archives photographiques (1860-1914) de la Restauration des terrains en montagne par Sylvie Brochot. Article paru dans la revue Histoire et territoires.

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Entretien des forêts

L’exemple présenté est celui du débardage, action qui consiste à transporter des arbres abattus sur le lieu de coupe vers le lieu de dépôt en attendant son transport.

Pour remédier au manque de chemins de descente aménagé, les forestiers ont procédé à des essais d’évacuation de bois par câble. Le tronc de bois scié est accroché à un câble en acier maintenu seulement par un treuil. Ce dernier résiste au poids du billot (environ 1300 kg pour 15 m de long) par un emmêlement de cordes nouées autour d’un arbre avec un crochet. Sur ces images datant de 1906, on voit les forestiers usaient de leur force et de leur ingéniosité sur cette mission en l’absence d’engins mécanisés et motorisés.

Par la suite, le débardage sera principalement mécanisé dans les forêts de sylviculture. Il sera jugé responsable de dégradation des sols (tassement nuisant à la repousse) et de l’environnement (bruit et pollution des engins).

Aujourd’hui, le débardage est toujours mécanisé mais il essaye d’être plus respectueux de l’environnement. Il peut se faire par les airs à l’aide de câbles (téléphérage), par les voies d’eau (flottage), mais la traction animale est encore utilisée localement comme en Europe (cheval) ou en Asie (éléphant).

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L'homme acteur et producteur du patrimoine montagnard

Avec l’action RTM, l’homme n’est plus perçu comme nuisible mais comme un acteur, voire même un producteur du patrimoine montagnard. Valorisant ce paysage par des aménagements et des plantations, les forestiers concourent au retour de la nature. La reconstruction retrouve sa signification originelle, le « retour à l’état premier » de la montagne par la restauration des versants.

 

« On est dans une représentation de l’environnement qui est dominé par les phénomènes de crises et de dégradations alors qu’en Europe on est dans une évolution de reboisement (à l’inverse du Brésil). Les changements économiques au niveau de l’agriculture ont permis une situation où les espaces sont reboisés et où la forêt a quasiment doublé de surface en 100 ans. »

extrait de l’interview de Jean-Paul Métailié géographe et directeur de recherche au laboratoire GEODE à Toulouse par Marie-Hélène Bernard conservateur en chef du service des archives figurées au sein des Archives départementales de la Haute-Garonne.

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