Ces documents constituent à ce jour, les seuls vestiges du fonds du service régional de la Censure de Toulouse. L'état très lacunaire de ce fonds s'éclaire à la lecture de la consigne 634 réglementant la destruction quotidienne des pièces dites secrètes ; un fonds similaire paraît exister aux Archives départementales du Rhône tandis que le département du Lot-et-Garonne a acquis très récemment un dossier produit par la section départementale de la censure d'Agen. Ces constatations corroborent les propos de Philippe Amaury évoquant des témoignages selon lesquels les censures de la zone non occupée détruisirent partie de leurs archives lors de l'invasion allemande en novembre 1942.
Malgré les lacunes, la réglementation constituée par les circulaires, notes et consignes émanant du service central permet de percevoir le cadre de l'exercice des compétences du service de la Censure régionale, dans la période comprise entre la déclaration de la guerre en septembre 1939 jusqu'en juillet 1942 . Les variations dans l'intitulé de l'autorité de tutelle centrale qui produit et transmet les consignes permanentes ou temporaires d'orientation de l'Information reflètent les remaniements ministériels intervenus dans cet intervalle de temps.
Le fonctionnement du service en termes de moyens humains et matériels est très partiellement renseigné pour une période allant de 1939 à 1944. Mais la consultation des textes officiels et de sources complémentaires autorise l'esquisse d'organigramme du service producteur.
Pour l'exécution des ordres du service central, le chef du service régional rédige des notes et consignes destinées au niveau local, aux sections de contrôle des informations de presse du ressort. Cette typologie est sommairement reliée en une seule liasse pour le deuxième semestre de 1940. Quelques consignes sont classées alphabétiquement par mots clés, mais les premières pages du répertoire qui les rassemble ont été arrachées. D'autres consignes, notes et rapports isolés se trouvent aussi dans les bribes de correspondance administrative de Lucien Gouhier, chef du service régional de la Censure . Cette présence ponctuelle de rapports confidentiels ou mensuels fait regretter l'absence de série organique bien constituée qui donnerait un aperçu global du travail des censeurs et contrôleurs dans les sections subordonnées. Les fonds du secrétariat du cabinet du préfet régional et du service départemental de l'Information comblent en partie ces manques .
L'incidence de la Censure sur les relations entretenues avec la presse locale fait l'objet de plusieurs dossiers qu'il nous a paru opportun de mettre en évidence. Leurs dates courent de 1939 à 1945, néanmoins la période de la Libération est illustrée par très peu de documents.
Les archives des sections départementales ou locales sont absentes. Excepté celles de la section principale de Toulouse qui fonctionnait dans le même immeuble que le service régional de la Censure. En effet, les observations journalières de contrôle des informations de presse faites par les censeurs nous sont parvenues. Une collection des journaux de bord, matériau de base pour la rédaction des comptes-rendus périodiques est exploitable par les chercheurs pour la période du 16 septembre 1939 au 20 août 1944.
Il faut noter la particularité du journal de bord le plus ancien qui provient de la section de contrôle de Corbeil (Seine-et-Oise). Cet outil de travail a probablement été emporté lorsque cette section a cessé de fonctionner pour cause de repli vers l'intérieur le 14 juin 1940. Le lieutenant Dencausse, agent de ce service est affecté à la section de Toulouse en juillet 1940 après un court passage à la section centrale repliée à Bordeaux .
Les journaux de bord fourmillent de renseignements permettant de suivre l'évolution de l'opinion publique locale, nationale et internationale et de mesurer l'impact respectif des censures française et allemande sur celle-ci