Lettre de Louis Nicolas de Clerville à Pierre Paul Riquet, aout 1677. Page 1 uniquement.  Réalisation AD31

Source : Les Archives du canal du midi
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Transcription page 1

À Montpellier, ce 10e aoust à 4 heures du matin
Enfin, aprés beaucoup de consultations et d’appareils, on descouvre que le mal de ma pauvre espouse n’est pas une gangrene, ainsy que les medecins et les chirurgiens l’avoient jugé d’abbord, mais seulement un renvoy de mauvaises humeurs que les eaues de Mayne ont jecté sur une de ses jambes, dans une espece de sac, où il s’est formé un abcés ou quelqu’autre amas de matieres corrompues, dont la suppuration commencea hier à midy. Ce qui a faict que les medecins et chirurgiens ont changé de methode et de medicaments, en se servant des attractifs pour augmenter cette supuration et en rejectant les caustiqs et les dissicatifs, dont ils s’estoient servis auparavant, pour arrester ceste pretendue gangrene, de laquelle ils ont d’abbord allarmé tout le monde. Ainsy, Monsieur, Dieu m’a bien voulu randre une femme que toute ceste ville avoit pleurée, par l’estime de son honnesteté et avons une trés humble servante, que l’exemple de mon attachement à vos interests. Mais, avec tout cela, comme le nombre des incisions qu’on luy a faictes ne la peut pas exempter des longues douleurs, avec lesquelles elle doibt achepter, avec la grâce de Dieu, sa guerison, je ne suis pas exempt moy mesme de la part que j’y doibs prendre. Pour cela, j’ay dans la satisfaction de voir la vie de ceste pauvre femme en quelque façon asseurée, encores de grands desplaisirs à attendre, des maux qu’elle a à souffrir pendant un mois ou six semaines, si Dieu la veut reserver, pour me procurer les grâces du ciel, que je ne sçaurois gueres attendre que par l’entremise de sa pieté. Aussy aurois-je besoin d’une personne telle que vous pour m’en consoler et pour me randre les offices d’amy qui se peuvent esperer en un semblable rencontre, si vous n’estiés poinct obligé d’aller sans ...